Pierre Le Morvan 5 rue d’Angiviller 78000 Versailles
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Versailles le 12 juin 2007
A son Excellence Monseigneur Maillard évêque de Laval
Excellence,
Je ne fais pas tout à fait parti de vos ouailles encore que possédant une maison à Epineux le Seguin dans votre diocèse, j’y réside plusieurs mois par an. Il se trouve également que je suis familialement concerné par ce que l’on peut appeler « la crise entre les fidèles, le maire de Niafles et l’évêque de Laval », mes deux frères ainsi qu’une de mes filles habitant à Craon et ses environs immédiats. Je me tiens donc régulièrement informé des divers rebondissements. C’est comme ceci que j’ai pu lire l’interview que vous avez donnée et qui est parue ce matin dans le journal Ouest France. Les propos que vous formulez ne peuvent rester sans réponse pour le triomphe de la vérité. En laissant croire que le concile Vatican II a voulu que la liturgie soit célébrée dans la langue usuelle, vous trompez ceux qui vous lisent, j’ai même l’impression que le concile a demandé exactement le contraire : « L’usage de la langue latine, sauf droit particulier sera conservé dans les rites latins ». Rites au pluriels, car l’Eglise n’a jamais été totalitaire et ont toujours coexistés plusieurs rites dans l’Eglise latine (Romain, Lyonnais, Ambrosien, dominicain etc.), sans compter la multiplicité des rites catholiques orientaux. C’est au contraire l’usage de la langue vernaculaire qui est une concession. « (…) On pourra donc lui accorder une plus large place surtout dans les lectures et les monitions … » (Constitution sur la liturgie La documentation catholique 15/12/63 chap. 36). De même pour le chant liturgique, « l’Eglise reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine, c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs doit occuper la première place ». (id. chap. 116) Nous pourrions continuer plus longuement les citations sur ce sujet. Vous dites : « durant des décennies, ces catholiques se sont constitués en communauté » ce qui semble le propre de chaque paroisse, pour ajouter aussitôt : « pas bien intégrée avec le diocèse de Laval », qu’en savez-vous ? Avant le décès de l’abbé Chéhère, avez-vous rencontré des membres de cette communauté ? Et enfin, en quoi n’ont-ils pas leur place dans le diocèse si ce n’est que vous les rejetiez? On peut également se poser légitimement beaucoup de questions sur le fait d’être en communion avec l’évêque, les catholiques, ou du moins ceux qui voulaient le rester étaient-ils en communion avec leur évêque à Evreux du temps ou Mgr Gaillot était à la tête du diocèse ? L’occupation d’une église catholique par des catholiques serait pour vous une situation anormale ? Ce serait drôle si ce n’était à pleurer. Vous dites également « qu’ils pensent ne pas avoir été écoutés », mais, si mes informations sont justes et elles le sont, vous avez organisé une réunion publique non pour écouter mais seulement pour annoncer la décision que vous aviez déjà prise : « La Messe traditionaliste (sic) est célébrée en latin, en l’église des Cordeliers à Laval, le centre du département. (…) Le prêtre a le dos tourné aux fidèles selon le rite de Saint Pie V.» Pour être précis, il s’est agit jusqu’à maintenant d’une messe traditionnelle selon le rite dominicain, et le prêtre n’y est pas le dos tourné aux fidèles, mais avec les fidèles tourné vers le Seigneur à qui le sacrifice est offert « Il s’agit d’une orientation commune du prêtre et du peuple, conscients d’avancer ensemble en procession vers le Seigneur » (cardinal Ratzinger, l’Esprit de la liturgie). Cette messe, c’est une bonne nouvelle pour les habitants de Laval et des environs, mais pour les habitants de Niafles et des environs (paroisse de Craon) ? 40 km aller plus 40 km retour, souvent avec des enfants en bas ages. Pourquoi détruire ce qui existe et qui a déjà rapporté ses fruits ? Il y a à Niafles une communauté importante, plus importante que les assemblées squelettiques que nous pouvons voir ici ou là, une communauté priante dont les fidèles ne réclament que ce que par votre charge vous devez leur donner, la possibilité de se sanctifier dans le charisme qui est le leur, avec la liturgie traditionnelle, ceci vous l’accordez bien à d’autres communautés charismatiques, pourquoi pas à une communauté qui désire vivre sa foi avec la liturgie selon le missel du Bienheureux Jean XXIII ? Providentiellement, il y avait une solution, un jeune prêtre de la fraternité saint Pierre avait été réclamé par l’abbé Chéhère pour le remplacer durant la maladie qui l’a emporté vers le Seigneur. Il était disponible pour prendre sa succession. Vous avez refusé cette solution pourtant la plus simple. Nous avons vraiment du mal à vous comprendre. J’ai sous les yeux des projections sur le nombre de prêtres de moins de 55 ans dans tous les diocèses de France entre 2004 et 2014, s’il s’agissait d’un concours, votre diocèse arriverait bon dernier passant en 2004 de 194 à 5 en 2014 (dans 7 ans) soit une perte de 179 soit 92,27%. Pourquoi refuser une jeune prêtre bien formé et plein de zèle apostolique ? On se perd en conjecture ! Vous dites également demander à ces fidèles un effort. En fait quand vous dites ceci, vous êtes en contradiction totale avec la constitution conciliaire Dignitatis Humanae sur la liberté religieuse, je cite : « de telle sorte, qu’en matière religieuse, nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience, ni empêché d’agir, dans de justes limites selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres (…) (n°2) Les groupes religieux ont aussi le droit de ne pas être empêché d’enseigner et de manifester leur foi publiquement, de vive voix et par écrit. » (n°4) J’ose espérer que vous ne pensez pas que ces textes s’adressent exclusivement à nos frères séparés. Notre Saint Père Benoît XVI lors de son homélie de fin de conclave stigmatisait « l’esprit du concile » il y revenait le 8 décembre 2005 pour dénoncer cette « herméneutique » de l’ouverture au monde, de la rupture dans l’histoire de l’Eglise. Esprit du concile au nom duquel se sont perpétués tous les abus, que ce soit dans le domaine liturgique (le plus visible) mais aussi dans la traduction des saintes écritures et dans la transmission du dogme de la Foi. Les fidèles de Niafles récitent et chantent le credo dans son intégralité. Enfin, Monseigneur, vous laissez entendre que vous demanderiez à la force publique le respect de « la loi de la république ». Nous voici maintenant dans les heures les plus sombres de l’histoire religieuse en France, sans remonter à la révolution et à la terreur de 1793 qui fit périr tant de prêtres et martyrs en haine de la foi (il y en eu beaucoup dans le diocèse de Laval et je pense particulièrement au bienheureux Jean Turpin du Cormier et ses compagnons assassinés le 21 janvier 1794 place de la Trémoille à Laval), pour satisfaire aux « lois de la république », il y eu également l’expulsion des ordres religieux et des congrégations avec celle spectaculaire des moines de Solesmes le 6 novembre 1880. Je ne puis croire Monseigneur que c’est à ce type d’action que vous avez pensé. Croyez bien Monseigneur, que c’est avec tout le respect du à votre charge que je me suis adressé à vous. Ces quelques lignes n’ont eu pour but que de défendre une cause dont les fidèles de Niafles ne sont que les serviteurs, la grande cause de Jésus-Christ, Sauveur du Monde et vrai Roi des cœurs et des cités.
Je prie votre excellence de croire en mon profond et religieux respect.
Pierre Le Morvan |
PS. Vos propos étant publics, je transmet cette lettre au cardinal Castrillon Hoyos chargé de la commission Ecclesia Dei ainsi qu’au cardinal Ricard membre de cette même commission. Je la transmets également au journal Ouest France ou sont parus vos propos et à d’autres media intéressés par cette affaire